Le sexe. Un aspect pour le moins important de tout couple (et bénéfique à notre santé!). Mais saviez-vous que 30 % des femmes (ainsi que 15 % des hommes) observant un manque de désir sexuel? Le chiffre impressionne. La sexothérapeute Ashley Lemieux dévoile les motifs, psychologiques et psychologiques, expliquant la baisse de libido. De plus, la spécialiste explique comment elle aide les couples à retrouver le plaisir sexuel.
Explications possibles…
Vestibulodynie
Lorsqu’on vit le malaise, « on ressent une douleur à l’entrée du vagin », nous dit-elle. L’inconfort touche environ 20 % des femmes âgées de moins de 30 ans, et s’échelonne d’une sensation de brûlure à une douleur vive. Si une femme est souffrante, alors fort est à parier qu’elle ne ressentira pas de désir et plus encore, « qu’elle associera le sexe à la douleur. »
Dysfonction orgasmique
Nombreuses femmes peuvent avoir des difficultés à atteindre l’orgasme, ce qui influence aussi le désir. Toutefois, la situation peut engendrer un cercle vicieux, où la panne de désir devient responsable de l’anorgasmie.
Effets secondaires de la médication
Plusieurs médicaments engendrent des effets secondaires, par exemple les antidépresseurs ou les antipsychotiques. Les conséquences de ces derniers incluent, toujours selon notre spécialiste, des effets pouvant mener à une baisse du désir chez la femme.
Débalancement hormonal
Le phénomène se produit généralement chez les femmes ménopausées, mais la fluctuation du niveau d’hormones peut survenir chez de nombreuses femmes, peu importe l’âge. Les hormones jouent un rôle important dans notre santé et bien-être, incluant notre santé sexuelle. Par exemple, un niveau élevé d’œstrogènes (principale hormone sexuelle) peut causer une baisse de libido (entre autres symptômes). D’un autre côté, un bas niveau de progestérone (hormone jouant un rôle dans notre cycle menstruel) peut causer une sécheresse vaginale et la dépression. Au final, un bas niveau d’androgènes (hormone contribuant au désir sexuel) peut causer une sécheresse vaginale et une baisse de libido.
Expériences sexuelles antérieures
Celles-ci n’incluent pas seulement les cas d’abus ou de viols, précise Lemieux: « Les femmes ayant eu des partenaires manipulateurs ou des expériences sexuelles négatives peuvent conserver une vision négative de la sexualité.»
Médias et société
L’omniprésence de la sexualité dans les medias n’est pas nécessairement négative, car elle provoque le dialogue. Mais la sexothérapeute nous met en garde : «Cette présence crée aussi des standards élevés — par exemple comment faire l’amour et à quelle fréquence — qui peuvent engendrer une anxiété de performance, menant certaines femmes à éviter la sexualité.» Les médias peuvent également contribuer à une mauvaise estime de soi et une image corporelle négative, qui provoque parfois une aversion de l’acte sexuel.
Éducation familiale et motifs religieux
«Certains sous-groupes religieux peuvent envoyer des messages négatifs à propos de la sexualité. Ceux-ci sont susceptibles d’affecter une femme, et ce même si elle n’est pas d’accord avec ces points de vue», affirme Lemieux. Même grandir dans une famille qui perçoit le sexe comme un acte honteux, ou qui ne discute jamais ouvertement du sujet, peut affecter le désir.
Divergences chez les partenaires
«Les partenaires n’ont peut-être pas de difficultés lorsque pris isolément, mais il peut exister une différence entre les désirs de chaque personne» nous explique la sexothérapeute. Par exemple, un partenaire avec une libido moins élevée que son partenaire ne voudra pas de relations sexuelles trois fois par semaine, ce qui pourrait déplaire à l’autre.
Comment y faire face
Lemieux précise que la perte de désir est la problématique la plus couramment soulevée en sexothérapie. Elle est également la plus difficile à traiter, car les raisons qui sous-tendent une basse libido sont très nombreuses.
Creusez plus loin
Lorsqu’en thérapie on signale une panne de désir, on prend d’abord en compte les problématiques qui la causent. « Donc, avant de travailler sur l’aspect sexuel, vous devez d’abord travailler sur votre couple », propose Lemieux.
Soyez patiente
La thérapie nécessaire pour arriver au cœur de la problématique du manque de désir se déploie progressivement. Lemieux exemplifie ainsi: Lors de notre quête à l’amour, « on investit beaucoup de temps et d’efforts afin de séduire sa conquête, de susciter le désir ». Mais après un certain temps, les partenaires du couple y mettent moins d’effort. « Vous devez prévoir du temps, planifier le sexe — le processus crée excitation et anticipation — et pratiquer. Le travail sur la sexualité peut s’effectuer de façon continue.»
Communiquez
Une bonne communication dans un couple peut faire des merveilles pour sa vie sexuelle. « Ceci signifie de dire à votre partenaire ce que vous aimez et ce que vous n’aimez pas, dit Lemieux. Même initier adéquatement le sexe est important, au lieu de simplement lancer un Ça y’est, allons-y!, continue-t-elle. »
Retrouvez l’intimité
Afin de donner un nouveau souffle à votre vie sexuelle, commencez doucement, par exemple avec des massages sensuels. Comme l’expérience peut être gênante pour certaines, on peut procéder en portant les sous-vêtements. Lemieux conseille de commencer avec des massages, mais sans toucher les organes génitaux. Puis, d’effleurer la région, mais sans insister. Puis, de caresser sans chercher à donner un orgasme. « Le but de cet exercice n’est pas d’atteindre l’orgasme, mais d’enrichir votre répertoire sexuel et de réaliser que d’autres organes peuvent être impliqués dans la relation sexuelle. Vous ne devriez donc pas vous concentrer seulement sur la pénétration et l’orgasme », explique-t-elle.
Amusez-vous
« Les gens tendent à oublier que le sexe peut être amusant et drôle » conclut-elle. Bien sûr, une thérapeute vous suggérera des devoirs comme planifier des dates et des séances de massage, mais il est important de se rappeler que « le temps que vous mettez à faire vos devoirs devrait être vu comme une activité agréable afin de vous rapprocher de votre partenaire. Ne considérez donc pas le devoir comme une tâche, mais plutôt comme une activité amusante à faire ensemble. »
Ashley Lemieux M.A. (c) est une sexothérapeute ayant complété un baccalauréat en psychologie, qui termine actuellement sa maîtrise en sexologie. Elle détient sa pratique privée et anime des ateliers dans la région montréalaise, s’adressant aux femmes qui souffrent de douleurs vulvo-vaginales. On peut la joindre au (514) 686-3410 et au ashley_j_lemieux@yahoo.ca.