Comment développer sa complicité avec chéri
Peut-on vraiment être mauvais au lit?
«La première chose à se rappeler est que lorsqu’il est question de sexe, personne n’est intrinsèquement mauvais, explique l’experte. Certains sont plus à l’aise et confiants [que d’autres] dans leur sexualité, ce qui peut favoriser des relations sexuelles plus satisfaisantes.» Elle ajoute que ceux qui ne sont pas aussi à l’aise ne manquent pas nécessairement de talent, mais auraient plutôt peur de dévoiler leur vulnérabilité. «Se laisser aller sexuellement, démontrer à notre partenaire notre côté plus olé-olé ou sensible, voilà qui peut être très intimidant. Souvent, plus on se rapproche de quelqu’un, plus on craint le rejet.»
Cette hypothèse pourrait ainsi partiellement expliquer pourquoi la routine s’installe parfois dans les ébats amoureux de certains couples. «Ils ont trouvé ce qu’ils aiment et cessent d’explorer. Ils continuent donc de répéter ce qui leur plaît, séance après séance, jusqu’à ce que ça devienne ennuyant. Après quelques années, il peut être délicat d’avouer à son partenaire qu’on aimerait essayer quelque chose de différent, même que la proposition pourrait être reçue comme une critique», affirme Ashley. Voilà une situation fort complexe, dont certains ont du mal à s’extirper.
Une discordance du désir peut-elle être responsable d’une vie sexuelle insatisfaisante?
La différence de libido entre les partenaires peut aussi constituer une source de frustration sexuelle. «Certaines personnes aiment [des ébats] plus passionnés, [alors que] d’autres les préfèrent plus tendres, précise la sexothérapeute. La clé réside dans la variété et, jusqu’à un certain point, le compromis.»
Bien sûr, ajoute-t-elle, personne ne devrait s’obliger à des pratiques détestées ou causant un malaise pour plaire au partenaire. Cependant, essayer de temps à autres quelque chose qui vous plaît moins mais qui ravit votre jules (ou l’inverse) ne ferait pas de mal. «Rares sont les occasions où deux partenaires ressentent des désirs si différents qu’une vie sexuelle satisfaisante devienne impossible, à moins que ces partenaires refusent de s’éloigner parfois de leur zone de confort.» Si c’est le cas, il devient alors difficile de briser l’ennui. La variété contribue donc à éviter le piège de la routine, et à favoriser l’excitation.
Peut-on apprendre à devenir un meilleur amant?
Notre experte affirme à ce sujet que «même si la confiance en soi et le sentiment d’être à l’aise sont plus de l’ordre du senti, et ne peuvent être enseignés par un autre, le sexe demeure une activité physique, où la technique peut être importante.» Elle offre à titre d’exemple un individu si tendu que ses gestes et sa respiration s’en trouvent entravés; il sera alors difficile pour lui d’avoir des mouvements fluides, et donc, une relation sexuelle agréable.
Si c’est le cas, notre spécialiste recommande de faire des exercices de respiration en profondeur. «Ils permettent une posture plus détendue et un niveau de stress amoindri.» L’experte propose également d’apprendre à coordonner la respiration et les mouvements des hanches, ce qui peut accroître les sensations fortes et offrir un meilleur contrôle des orgasmes.
Quels conseils offrez-vous aux femmes souhaitant aborder (délicatement) le sujet avec leur partenaire?
Le plus important, conseille-t-elle, est de ne pas adopter un ton accusatoire, et de ne pas oublier que la vie sexuelle relève d’une dynamique de couple, et se trouve donc partagée entre ses deux membres. «Discutez-en au “nous”, et demandez-vous comment vous pourriez améliorer votre vie sexuelle», ajoute-t-elle.
La spécialiste recommande également aux couples de recommencer à investir autant d’efforts dans leur relation qu’à leurs tout débuts. Si les sorties en duo et les ébats passionnés ont fait place aux soirées en pyjama devant la télé, «il est temps d’essayer plus ardemment de renouer avec les étincelles de cette romance initiale!»
Et comment peut-on améliorer la dynamique sexuelle dans son couple?
«On tend parfois à oublier que notre plaisir et notre orgasme relèvent grandement de notre responsabilité, et non de celle du partenaire! On doit d’abord se rappeler que celui-ci ne peut pas lire dans nos pensées» Par exemple, un gémissement à lui seul n’est pas clair: relève-t-il du plaisir, ou de l’insatisfaction? Ashley Lemieux recommande donc, si votre partenaire ne vous touche pas comme vous le souhaitez, de simplement guider ses mains et de lui signifier lorsqu’un geste vous plaît.
Elle suggère également d’utiliser des mots positifs: «C’est toujours mieux de dire “C’est bon, ça!” plutôt que “Non, ça ne va pas”. Par contre, si ça ne va vraiment pas, il est préférable de le dire [et non de taire ces insatisfactions].»
Ashley Lemieux M.A. (c) est une sexothérapeute montréalaise ayant complété un baccalauréat en psychologie spécialisé dans les relations des couples homosexuels, et une maîtrise en sexologie spécialisée dans les douleurs vulvo-vaginales. On peut la joindre au 514 686-3410 et à l’adresse suivante: ashley_j_lemieux@yahoo.ca.