L’amour et le sexe, différemment

Le principe de la monogamie est à la base de notre société occidentale. Depuis la nuit des temps, nos relations amoureuses reflètent cette idée qu’une seule personne peut satisfaire nos besoins sexuels et émotifs toute une vie durant. Mais la révolution sexuelle des années 1960 et 1970 a donné naissance à d’autres formes de relations, où des mots comme «amour libre» règnent en maîtres. Il ne s’agit pas ici de tendances sexuelles excentriques, mais de façons non conventionnelles de vivre sa vie amoureuse ou sexuelle. On s’est donc penchées sur deux de ces modes de vie marginaux, qui diffèrent autant qu’ils se ressemblent.

Des célébrités, telles Sting et sa femme Trudi Styler, ont publiquement affirmé avoir des relations sexuelles avec d’autres couples. Mieux connue sous le nom d’«échangisme», cette pratique, qui consiste à troquer les partenaires, fait le bonheur de nombreux couples d’aujourd’hui. Si ce mode de vie semble à des lieux de la monogamie, on se rappellera que les échangistes n’ouvrent que la dimension sexuelle de leur couple aux autres. En effet, l’échangisme est une pratique sexuelle à laquelle les deux partenaires prennent part en tout temps. Ceux-ci sont engagés envers leur couple, mais se permettent d’explorer la sexualité à l’extérieur de leur relation. La fidélité sexuelle n’est donc pas requise ici. Les échangistes participent à des activités érotiques récréatives avec d’autres couples, mais sinon, restent essentiellement monogames. Ainsi, si un partenaire d’un couple d’échangiste avait une aventure extraconjugale, leur relation en souffrirait tout autant que si cela se produisait entre membres d’un couple monogame conventionnel.

Bien que légèrement différent des relations monogames, l’échangisme est pratiqué avec discrétion puisque ce mode de vie n’a pas la faveur de la société et ses codes de convention. Toutefois, si on compare l’échangisme à d’autres pratiques sexuelles plus excentriques, comme le nantaimori ou l’agalmatophilie, l’approche semble soudainement des plus traditionnelles!

Bien qu’on les confonde souvent avec les échangistes, les polyamoureux croient quant à eux qu’on peut aimer plus d’une personne à la fois. Le terme «polyamour» est en fait un dérivé du mot grec «poly», qui signifie plusieurs, et du mot latin «amor», qui signifie amour. Naturellement, la sexualité fait partie intégrante des relations polyamoureuses, comme de toute relation amoureuse. Mais à la différence de l’échangisme, le polyamour ne signifie pas seulement avoir des relations sexuelles avec d’autres partenaires, il signifie aussi entretenir des sentiments amoureux à leur égard. La recherche de liens émotifs avec une ou plusieurs personnes à l’extérieur du couple ne représente donc pas une menace à l’engagement pris entre les deux partenaires principaux. Les membres d’un couple polyamoureux peuvent ainsi fréquenter plusieurs personnes, et parfois même, la même personne (situation connue sous le nom de «triade»).

Alors qu’on peut considérer l’échangisme davantage comme un passe-temps discret pour couples, le polyamour est un mode de vie permanent pour ceux qui y adhèrent. S’ils évitent de s’exposer au grand jour pour ne pas contrevenir aux conventions sociales dictant nos façons d’aimer, les polyamoureux sont comme tous les autres couples. Ils assistent ouvertement à des mariages, remplissent leurs obligations professionnelles et ainsi de suite. Plus tôt cette année, le polyamour a même fait l’objet d’une téléréalité à la chaîne américaine Showtime, Polyamory: Married and Dating, une émission qui a permis d’avoir un aperçu de l’intimité de deux familles polyamoureuses. La première, une triade composée de deux femmes et d’un homme, tous trois jeunes et attirants, et la deuxième, formée par deux couples dans la trentaine sur le point d’emménager ensemble. Comme le démontre l’émission, en dépit de la croyance populaire, les partenaires polyamoureux doivent eux aussi gérer des situations de jalousie, à la façon des couples monogames. On remarque alors que pour arriver à surpasser ces émotions destructrices, mais trophumaines, une bonne communication est aussi essentielle chez les polyamoureux que chez les monogames.