Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir des mots. Les images qu’ils provoquent dans notre imaginaire, les émotions qu’ils font naître…les idées qu’ils font germer! Laissez votre pensée prendre les rennes l’espace d’un instant, afin d’éveiller ce désir qui peut-être, se faisait trop attendre? Bonne lecture!
Il m’a déclaré du haut de sa fraîche vingtaine avec la sérieuse désinvolture de la jeunesse, «les filles, elles pensent au sexe aussi. Elles y pensent plus, pas mal plus que les garçons, en fait, mais elles ont le contrôle. Elles se contrôlent. Moi, si je suis bandé, je peux penser à rien d’autre tant que j’ai cette crampe. «Vous autres » me dit t-il, en me regardant droit dans les yeux alors que je le désirais déjà vachement, «vous autres, les filles, c’est comme vous voulez. Si tu veux pas me le donner, t’y arrives. Moi pas».
Puis il s’est tu, moi, de ma neuve trentaine, je ne faisais que le fixer. Il a rompu son silence en me regardant :
«Toi, si tu me veux tu peux y penser, moi si je te veux, je te veux.»
Je ne savais que faire. Le faire mentir ou confirmer son précepte. Si je me jetais sur lui, là comme ça sans préavis perdais-je le contrôle, ou l’avais-je. J’ignorais comment agir mais je savais ce que je voulais. Je connaissais mes intentions à son égard, ma gorge piquait et ma lèvre inférieure voulait qu’on la mordille. Il avait raison, je ne pensais assez pas avec mon ventre me dis-je. J’aurai voulu que ma tête se débranche et laisser mes mains dicter leurs caprices et le déshabiller sans spéculer, lui déboutonner le pantalon et glisser ma main sur son entrejambe, sur sa crampe.
Sentir sa respiration s’accélérer, puis la mienne et jouer avec son envie, plonger ma main sous sa chemise, et sentir sa peau chaude et brune. Longer son corps, palper ses reliefs, clavicules, omoplates, épaules, gorge, nuque la serrer un peu, attraper sa hanche. M’agenouiller lui descendre délicatement ses vêtements, les sentir glisser comme son désir monte, deviner son souffle, entendre le bruit métallique de la boucle de sa ceinture cogner sur le sol. Savoir qu’il me regarde de sa hauteur, ne pas m’en préoccuper pour signaler mon inconvenance. Saisir ses couilles d’une main liquoreuse et ferme, approchez mon visage et sentir sa jambe frémir, sentir aussi son sexe se raidir plus dans ma main, le deviner fébrile et le faire mijoter par une langue promeneuse qui attise. Le faire se languir, l’asseoir sur le sofa, croiser son regard fragile, agité et souriant, le voir inquiet de savoir si la suite s’en vient, travailler mon propre désir. Absorber sa queue avec mes lèvres, ma bouche humide et chaude qui meure d’envie de l’embrasser. Saliver sur son bat et l’entendre haleter plus, y mettre du cœur, l’écouter geindre, ressentir sa main dans mes cheveux se crisper et me retirer quand ses gémissements commencent à devenir trop aigus et que ses yeux se ferment trop. Croiser son regard de nouveau et le voir cette fois fébrile et perdu de désir, me saisir presque brutalement en m’enlevant mes fringues avec précipitation et une excitante maladresse, être seins nus. Respirer.
Il me soulève et me serre contre le mur et enfin m’embrasse la bouche avec tout l’embrasement qui m’envahit. Son bassin est habité, et se frotte avec raideur contre moi. Quand un garçon m’attrape, me colle et me hisse contre le mur, je peux difficilement résister, j’abdique, mon corps s’en remet à l’autre, mon désir pète les plombs. Il glisse sa main entre mes cuisses, je suis vraiment humide, il me le fait remarquer et je lui rappelle que je me contrôle si je veux, il me sourit narquois, m’embrasse et me mord la lèvre en même temps qu’il enfonce un doigt dans ma chatte, la vache, c’est trop bon. Il le sait. C’est mon tour de gémir, ma tête bascule vers le mur, il me regarde, je le sens, il respire plus fort à chacun de mes soupirs. Mon plaisir, le plaisir qu’il me donne l’excite. La position devient inconfortable, on se laisse glisser vers le sol, il m’enlève ma petite culotte si vite. Maladresse excitante encore. Il prend ma main et la pose sur sa bite pour que je m’exécute. Pendant ce temps il s’allonge de tout son corps pour attraper son blouson, saisit une capote qu’il me demande de lui mettre. Et là je redeviens une gamine qui n’est jamais sûre de faire la bonne affaire, ça aussi, il le sent et il rit presque. Il me renverse et de tout son corps lourd me recouvre. Quand il me pénètre notre respiration s’envole tout de suite, le plaisir ressentit instantanément semble nous surprendre tous les deux, notre souffle se mêle et devient quasi irrespirable. Mon bassin est pris de contractions éprouvantes et trippantes à la fois. L’orgasme n’est pas loin, on le sent venir, il chatouille, chatouille vachement le salopard, s’éloigne, revient, agace, il me donne toujours l’impression qu’il peut filer, et ça me rend complètement captive. Il vient par bribes, comme une brise puis souffle, s’évapore pour subitement mieux revenir.
Alors quand il arrive, qu’il se répand c’est toujours saisissant précieux et singulier… Là, il s’est épandu jusque dans mes cheveux, qu’il me tirait, comme pour allonger l’orgasme. Je tremblais vachement. Pendant que les dernières petites vagues s’éparpillaient sur mes cotes, il a joui à son tour sans retenu. J’aime pas bien les garçons qui se retiennent d’exprimer leur jouissance, c’est triste un peu. Et il y en a. On s’est écroulés sur le plancher de bois, nos corps luisants et cuisants redescendaient, des morceaux de vêtements jonchaient le sol, on retrouvait notre calme. Rassasié, on se regardait bêtement et c’était le fun. Il me tirait les cheveux en les enroulant autour de ses doigts comme font les pétasses. La tête posée sur son torse, j’entendais sa voix grave raisonner de l’intérieur quand il parlait, j’étais bien. On s’est endormi à poil sur le plancher chaud de l’été.
Quand je me suis réveillée j’étais bel et bien vautrée sur le corps de mon amant, ça sentait encore le sexe dans les airs, il dormait profondément, il semblait loin et je n’avais pas rêvé, son corps nu alangui et paisible là, devant moi me le disait. J’ai reposé ma tête ébouriffée sur son torse pour profiter encore du sommeil à deux quand le corps de l’autre te réchauffe alors que t’as même pas froid.
-Sherifa Tarasse