Ah, le sexe! Voilà une activité que l’on pratique avec enthousiasme, que ce soit avec chéri… ou un «bon ami». Mais pour certaines femmes, certaines douleurs rendent l’expérience moins tentante. Une des causes possibles: la vestibulodynie. Ashley Lemieux, sexothérapeute, nous explique ici les dessous de la douleur vulvo-vaginale. Symptômes, facteurs de risque et traitements, parcourez toute l’info récoltée.
Qu’est-ce que la vestibulodynie?
La vestibulodynie, nous explique Lemieux, «est une douleur localisée à l’entrée du vagin (connue sous le nom de vestibule), ressentie comme une brûlure ou une coupure».
Une pression exercée sur le vestibule (par un pénis, un doigt, un spéculum ou même en roulant à bicyclette) provoque une douleur. «Celle-ci cesse lorsqu’il n’y a plus de pression, mais un léger inconfort peut subsister après une relation sexuelle», affirme la spécialiste.
Il existe deux grands types de douleur vulvaire: la vulvodynie provoquée et la vestibulodynie provoquée. Cette dernière est la plus fréquente, et aussi la plus étudiée. Le moment de l’apparition des douleurs peut également varier. «La forme primaire de la vestibulodynie se remarque dès la première expérience sexuelle (et persiste), alors que la forme secondaire, ou acquise, survient plus tard, souvent à la suite de circonstances précises».
Deux autres diagnostics peuvent également être rendus, ce qui cause d’ailleurs un débat dans le domaine d’étude. D’abord, la dyspareunie est définie par la présence de douleur vulvo-vaginale. Puis, on appelle vaginisme les contractions des muscles à l’entrée du vagin, qui n’engendrent pas nécessairement la douleur mais rendent la pénétration impossible. «Or, certaines femmes ressentent une douleur vive lors de rapports sexuels. L’anticipation de cette douleur provoquerait donc chez elles une tension importante, qui rendrait la pénétration impossible» nous dit Lemieux.À qui et pourquoi cela arrive-t-il?
«La douleur vulvo-vaginale est présente chez 21 % des femmes de moins de 30 ans, et chez 10 % à 15 % des femmes de plus de 30 ans», précise la sexothérapeute. Certains facteurs de risque font grimper la probabilité, soit: la génétique (si votre mère, votre sœur ou un autre membre de votre famille rapprochée en souffre), la prise de la pilule contraceptive à un jeune âge, le début précoce des menstruations (avant l’âge de 12 ans), et les infections urinaires ou à levures répétées. «On remarque une corrélation entre la condition et ces facteurs de risque, mais non un lien de causalité direct», nous dit Lemieux. Conséquence: vous ne souffrirez pas nécessairement de vestibulodynie si vous avez eu une infection à levures. Toutefois, l’inverse est aussi vrai: ne croyez pas que vos risques d’en souffrir soient nuls si vous n’avez jamais eu ce type d’infection.
Quels sont les traitements?
Plusieurs méthodes sont prescrites ―voici les plus courantes:
-La physiothérapie, qui inclut «le renforcement et la réhabilitation des muscles pelviens, afin de faciliter la pénétration et de la rendre moins douloureuse». Le ou la physiothérapeute vous donnera souvent des devoirs, comme l’insertion progressive de godemichés de tailles différentes dans le vagin, afin d’abaisser petit à petit le seuil de douleur.
-L’application nocturne de lidocaïne, un anesthésique local. Lemieux explique: «la lidocaïne insensibilise la région, afin d’atténuer la boucle de douleur qui existe entre la région douloureuse et le cerveau.»
-La prescription d’antidépresseurs, qui limitent aussi l’envoi des signaux de la douleur au cerveau, mais Lemieux nous met en garde contre leurs possibles effets secondaires.
-Comme dernier recours, une femme peut aussi subir une chirurgie mineure nommée la vestibulectomie. Lors de l’intervention, une petite portion du vestibule est retirée. Une période de convalescence de deux à trois semaines est à prévoir. De plus, toute pénétration devrait être évitée pendant trois mois. Mais la sexothérapeute nous dit qu’un taux de succès de 70 % est accordé à l’opération.
Comment la vestibulodynie peut-elle affecter le couple?
Une femme qui souffre de vestibulodynie évite les relations sexuelles en raison de la douleur, et de l’impression de ne pouvoir procurer de plaisir à son partenaire. Elle manifeste parfois des signes de dépression, un manque de confiance en soi et un niveau élevé d’anxiété.
Dans une dynamique de couple, «le partenaire peut se sentir responsable de la douleur de sa conjointe, nous confie Lemieux. Il pourrait se sentir impuissant face à la situation». Une thérapie de couple peut contribuer à chasser les sentiments négatifs liés à la vie sexuelle, et à se doter de techniques de gestion de la douleur (par exemple, des exercices respiratoires qui détendent les muscles). Une sexothérapeute peut également aider un couple à enrichir son répertoire sexuel, leur permettant ainsi de connaître du plaisir sexuel sans recourir à la pénétration. La thérapie sexuelle, combinée à des traitements de physiothérapie, présente un taux de succès d’environ 40 % dans le traitement de la vestibulodynie.
Un autre aspect négatif: certaines femmes se sentent obligées d’avoir des rapports sexuels. «Lors d’une recherche menée en laboratoire, 86 % des participantes ont affirmé avoir des relations sexuelles pour des motifs autres que leur propre désir», nous rapporte Lemieux.
Pourquoi ne rapporte-t-on pas l’affection?
«C’est en partie à cause de la gêne qu’on ne rapporte pas toujours la vestibulodynie au médecin. Plus encore, c’est que certaines femmes qui en parlent ne sont pas référées immédiatement à des spécialistes, car leur médecin connaît mal la condition», admet Lemieux. En moyenne, une femme peut consulter de six à sept médecins avant d’obtenir un diagnostic; ce qui signifierait jusqu’à sept ans de douleur avant l’obtention de traitements.
De bonnes nouvelles se pointent toutefois à l’horizon: le sujet commence à faire l’objet de plus de dialogues et de recherches, tant sur le terrain qu’en laboratoire. Des conférences se tiennent afin d’informer les médecins de cette réalité. Ainsi, l’information sur la vestibulodynie est diffusée de plus en plus dans le milieu médical.